points clés de la maladie de gaucher
classification
La maladie de Gaucher est une maladie hétérogène. Elle est traditionnellement classée en 3 phénotypes principaux dont l’épidémiologie et les manifestations se différencient:1-3
Type 1 - forme non neuronopathique1,2
- Touche plus de 90 % des patients atteints de la maladie de Gaucher en Europe et aux États-Unis.
- Forme asymptomatique à très symptomatique associée à des signes tels qu’une hépatosplénomégalie, des modifications hématologiques et une atteinte osseuse.
Type 2 - forme neuronopathique aiguë1,2
- Survient très rarement dans la plupart des pays, < 5 % de l’ensemble des cas.
- Outre l’atteinte organique, manifestations neurologiques variables et progressant rapidement.
- Touche les nourrissons dès leurs premiers mois de vie. Les enfants touchés atteignent rarement l’âge de trois ans.
Type 3 – forme neuronopathique subaiguë/chronique1,2
- Également appelée maladie de Gaucher juvénile, manifestation généralement au cours de la première décennie de vie.
- Forme caractérisée par des symptômes neurologiques apparaissant plus tard et progressant plus lentement que dans la forme neuronopathique aiguë.
Physiopathologie
Le cas d’une patiente atteinte de la maladie de Gaucher a été rapporté pour la première fois en 1882 par le dermatologue Philippe Charles-Ernest Gaucher. Il décrit dans sa thèse une patiente présentant une splénomégalie massive et des cellules spléniques de taille anormalement importante.4
La maladie de Gaucher est due à une mutation du gène codant pour la ß-glucocérébrosidase (GBA1). L’enzyme ß-glucocérébrosidase est responsable de la dégradation hydrolytique du glucosylcéramide. Une perturbation de l’activité de l’enzyme entraîne une accumulation de glucosylcéramide dans les lysosomes des macrophages. Il en résulte la formation de cellules de stockage déficientes caractéristiques, appelées cellules de Gaucher. Ces cellules s’accumulent surtout dans le foie, la rate et la moelle osseuse et sont les principales responsables des symptômes apparaissant alors.1
éviter les retards de diagnostic
Il s’écoule souvent plusieurs années entre l’apparition des symptômes et le diagnostic. Les retards de diagnostic peuvent entraîner des complications irréversibles (voir graphique). De plus, les patients sont souvent soumis à des examens invasifs inutiles (p. ex. biopsies du foie et de la moelle osseuse ou splénectomie) avant que la maladie de Gaucher ne soit diagnostiquée.5
Un diagnostic précoce permet de clarifier la situation
Les signes cliniques caractéristiques peuvent inclure:
Cytopénies
- Les symptômes hématologiques associés à la maladie de Gaucher sont souvent dus à l’hypersplénisme ou aux infiltrations de moelle osseuse.3
- Les troubles hématologiques les plus fréquents sont l’anémie (20 à 50 % des cas) et la thrombocytopénie (60 à 90 % des cas).1
Splénomégalie
- La plupart des patients (jusqu’à 90 % dans le cadre des études) présentent une splénomégalie en partie massive, qui peut entraîner des douleurs et un gonflement abdominal. Il se produit aussi des infarctus spléniques, mais les ruptures de la rate sont très rares.1
Hépatomégalie:
- Environ 60 à 80 % des patients présentent une hépatomégalie, qui peut, dans de rares cas, entraîner une hypertension portale et une cirrhose.1
Atteinte osseuse
- On observe souvent des signes cliniques ou radiologiques de maladie osseuse. L’atteinte osseuse va des déformations asymptomatiques du fémur distal en flacon d’Erlenmeyer aux fractures pathologiques et aux crises osseuses aiguës.2
Risque accru de certaines tumeurs malignes
- Les patients atteints de la maladie de Gaucher ont présenté au cours des études une prédisposition accrue au myélome multiple, au carcinome hépatocellulaire et à d’autres tumeurs malignes.1
Signes plus rares
- Les complications pulmonaires sont rares et peuvent affecter la fonction pulmonaire et entraîner une hypertension pulmonaire.1
- On observe dans de très rares cas une vascularite, une atteinte vitréo-rétinienne associée à des taches blanchâtres (dépôts de glucocéramide), une atteinte du myocarde ou des valves cardiaques, une résistance à l’insuline et une amylose.1
Références
1. Stirnemann, J. et al. A Review of Gaucher Disease Pathophysiology, Clinical Presentation and Treatments. Int. J. Mol. Sci. 2017; 18(2): 441.
2. Sidransky, E. Gaucher Disease. Medscape, 2018; 944157. Disponible en ligne sur le site: https://emedicine.medscape.com/article/944157-overview (consulté le 11/11/2021)
3. Pastores, G. et al. Therapeutic goals in the treatment of Gaucher disease. Semin. Hematol. 2004; 41(Suppl 5): 4-14.
4. Gaucher, PCE. De l’épithélioma primitif de la rate. Hypertrophie idiopathique de la rate sans leucémie. Dissertation. Paris, Frankreich, 1882.
5. Mistry, P. et al. Consequences of diagnostic delays in type 1 Gaucher disease: the need for greater awareness among hematologists-oncologists and an opportunity for early diagnosis and intervention. Am. J. Hematol. 2007: 82; 697–701.